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Camillien-Houde, au-delà des opinions et des compromis mous

L’annonce de la transformation de la voie Camillien-Houde en une coulée verte de plaisance pour piétons et usagers du vélo a donné lieu depuis quelques jours à de vifs débats sur l’accessibilité de la montagne et l’impact de cette mesure. Au-delà des opinions, il serait judicieux de regarder ce que nous racontent les données.


Vélo et bus sur Camillien-Houde
Bus et vélo sur Camillien-Houde

L’accessibilité : Non le Mont-Royal n’est pas le mont Everest.


Prenons un point de départ : La station Mont-Royal. Le trajet actuel fait 4.2 km, comparé à 6.1 km par l’avenue des Pins ou encore 7.2 km par Côte-Saint-Catherine. C’est peut-être 30% à 40% de plus, mais attention, en mobilité, on ne raisonne jamais en distance, mais en temps de parcours.


Les habitants de l’Est


Prenons l’exemple d’un citoyen Lambda habitant à l’Est de Pie-IX ou au Nord-Est de l’ile et qui aimerait se rendre en auto au Lac-aux-Castors: Les meilleurs trajets proposés aujourd’hui par les algorithmes de géolocalisation passent par le Chemin Remembrance : Impact nul. Côté Ouest, pas besoin d’algorithme pour deviner l’absence d’impact.


L’accès en bus : 3 voies possibles pour 2029


La STM a devant elle 6 ans pour élaborer des circuits de bus (ce délai devrait suffire). Voici quelques propositions.


Le circuit du Mile-Doré, avec une ligne de bus Express allant de la station Mont-Royal et longeant Saint-Denis vers les Sud avec 3 arrêts : station Sherbrooke, arrêt coin Des Pins/Du Parc pour connecter avec la populaire ligne 80 et finalement passer par l’avenue Des Pins directement vers le chemin Remembrance. En prenant une vitesse d’opération de 15 km/h, typique des lignes express, le temps de parcours serait de 24 minutes comparé à 19 minutes actuellement. Soit un négligeable 5 minutes supplémentaires.

Impact parcours alternatifs à Camillien-Houde par Remembrance
Modélisation d'un parcours alternatif en bus

On peut imaginer d’autres circuits proposant différentes expériences: Circuit « La nature en ville » qui donnerait (enfin!) accès aux différents sentiers méconnus sur le boulevard Mont-Royal et qui passerait par le boulevard Edouard-Montpetit, connectant ainsi avec les clients de la station du REM, mise en service 4 ans auparavant (rappelez-vous, on est en 2029). Le circuit « Francophones des Amériques », quant à lui longerait la Côte-Sainte-Catherine, passant par différentes institutions francophones établies historiquement autour de la montagne, du fait même, entre autres, de la protection de celle-ci (lire Gérard Beaudet à ce sujet).


Impact parcours alternatifs à Camillien-Houde par Remembrance
3 propositions de voies alternatives


L’évaporation du trafic


On conçoit aisément que l’ajout d’une route, qu’elle soit carrossable ou encore cyclable et qu’on y facilite l’accès, induise un trafic vélo ou auto qui n’existait pas auparavant. « Build it and they will come » comme dit l’adage. Par contre, il y a un principe très simple que notre cerveau a de la difficulté à concevoir : le retrait d’une route induit l’évaporation du trafic. Difficile à imaginer, mais c’est ce que la science dit. L’humain a tendance à s’adapter selon les choix modaux qu’on lui offre. Les lignes de bus proposées vont dans ce sens.


La consultation


L’OCPM a énoncé 16 recommandations, dont 6 ne sont pas compatibles avec la première (qui suggère de garder le transit automobile). Comment respecter la sécurité des piétons et cyclistes, maintenir l’accessibilité entre les 2 forêts, créer un chemin de plaisance tout en maintenant l’accès en automobile : pour y arriver il aurait fallu bâtir un muret de béton et dynamiter le col qui fait 9 mètres de larges (12 à 14 mètres sont nécessaires) renforçant encore plus la fracture du parc. D’ailleurs l’OCPM parle bien « de limites au plan méthodologique en raison de leur caractère non scientifique » p.52 et « Toutefois, la conception d’éléments de design qui permettraient de rendre l’axe Camillien-Houde / Remembrance sécuritaire pour tous excède le mandat de la commission » p.67.


La ville avait le choix entre le statu quo, ou plutôt suivre la tendance Nord-Américaine de remettre à leur origine les grands parcs urbains, dont certains conçus par Olmsted : Central Park et Prospect Park à New York, Rock Creek Park à Washington, D.C., High Park à Toronto, Golden Gate Park à San Francisco ont tous banni ou limité le transit automobile. Faire des demi-mesures pour plaire à tout le monde et finir par ne satisfaire pleinement personne est ce qu’on appelle un compromis mou, solution facile politiquement mais loin d’atteindre les objectifs recherchés.



La beauté, cet ingrédient qui efface la mémoire


La majorité des gens ont de la difficulté à imaginer le résultat final sans le voir de leurs propres yeux et le vivre pleinement. Tout comme le REV Saint-Denis qui avait soulevé toutes les passions et qui a fini par épater une fois complété, la voie Camillien-Houde, une fois transformée et verdie, offrira une vue imprenable entre ciel et terre et une expérience dont les effets feront effacer de notre mémoire cette erreur urbaine vieille de plus d’un demi-siècle. Et quant à Camillien Houde, lui qui n’a jamais voulu de cette autoroute, il pourra reposer en paix sous les murmures d’émerveillement de nos enfants.



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